
Histoire
du patrimoine aixois
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Revue
de presse
- A l'adresse du futur maire d'Aix-en-Provence,
L. Raymond (vice-présidente de l'Association), dans le Courrier
d'Aix du 2 mars 2001 (à l'occasion des élections municipales).
- Le patrimoine aixois, L. Raymond, dans
le Courrier d'Aix du 20 janvier 2001.
A
l'adresse du futur maire d'Aix-en-Provence
Il n'appartient pas à une association de défense du Patrimoine
et des sites, fut-elle bientôt âgée de 50 ans, de s'immiscer
dans la vie politique de la cité, encore moins de sussurer des
choix à ses adhérents, au moment d'élections municipales,
puisqu'elle est au dessus de tous les clivages partisans.
Mais par contre il lui appartient, à la veille de ces consultations,
d'émettre des souhaits auprès du ou des futurs dirigeants
de notre chère ville d'Aix, basés sur la pratique, l'expérience
et la connaissance. Je dis du ou des dirigeants car il apparaît
indispensable qu'à Aix, notamment, l'ensemble du corps municipal
soit éclairé, chiffres en mains, preuves à l'appui,
sur la valeur exceptionnelle du Patrimoine, hérité de la
nature et des hommes qui nous ont précédés.
Ce faisant, ce n'est pas d'être passéistes ou invétérés
conservateurs, que de vouloir demeurer les gardiens éclairés
de biens qui se transforment automatiquement en retombées économiques
importantes et pérennes. La France est le pays d'Europe le plus
visité, 75 millions de touristes l'année dernière,
plus d'un million pour Aix.
Poser la question est y répondre : "Que viennent chercher
les visiteurs français ou étrangers ?" Certainement
pas des grattes-ciel, ou de nouvelles idées d'urbanisme (les nôtres
ayant été particulièrement mauvaises). Ce qu'ils
viennent chercher c'est une atmosphère et des témooins du
déroulement des siècles, des Salyens à nos jours.
A ce sujet, il me semblerait bien utile que la future municipalité
se dote d'un responsable, voir d'une équipe "patrimoine",
qui serait spécialement chargé de l'examen, de la surveillance,
du relevé des infractions, de la mise en valeur du Patrimoine.
Le règlement du Secteur Sauvegardé élaboré
péniblement pendant plus de trente ans a été annulé
par jugement du tribunal administratif de Marseille du 3 juin 1999 ; est-ce
que l'appel introduit par la Municipalité suspend son application
et dispense notamment les réfections de façades ou la pose
d'enseignes de toute autorisation ? A voir certaines couleurs jaunes employées
dans la vieille ville, ou certaines enseignes lumineuses et criardes sur
la place des Prêcheurs, ou le quartier Mazarin, on pourrait le penser...
Qu'en est-il ?
En tout état de cause il serait bien nécessaire que ledit
responsable s'occupe non seulement du Patrimoine Public mais aussi du
Patrimoine Privé ; les particuliers sont noyés lorsqu'il
s'agit de "monter" un dossier de réhabilitation, sur
la plan administratif et financier ; seul un spécialiste peut les
aider. Le touriste de passage ou l'hôte de marque ne fera aucune
différence entre édifice public ou privé, il verra
simplement son bon état ou son état de ruine, qui s'étale
sur des années ; et c'est ainsi qu'il pourra juger, la Place d'Albertas,
l'Hôtel d'Arlatan, la façade de la Chapelle de l'Hôpital
(la réfection aurait été une goutte d'eau dans les
sommes dépensées pour la réfection de l'ancien hôpital),
le portail de l'Hôtel de Boyer d'Eguilles coiffé d'une résille
de protection, ou celui du Crédit Lyonnais pittoyable.
Il y va du renom de la ville...
C'est l'air du temps, du Profit, de l'Argent qui m'an amenée à
évoquer de prime abord la rentabilité économique
du Patrimoine ; mais au fait pourquoi ne pas dire aussi qu'il est très
agréable de vivre entouré de belles maisons, de places agréables,
de fleurs et de verdure. L'esthétique ne serait-elle plus le plaisir
des yeux ? Fort heureusement elle a encore cours même dans nos sociétés
de lucre et la formule anglaise "A thing of beauty is a joy for
ever" * sera toujours vraie.
L. RAYMOND
* "Une chose belle est une joie pour toujours"
Le
patrimoine aixois
La presse locale s'est faite l'écho il y a quelques semaines (La
Provence - 29 novembre 2000) d'un fait qui, s'il devait se mulltiplier,
serait fort préjudiciable au patrimoine aixois : "La future
piscine de l'Hôtel des Thermes en cours de construction devrait
être prête au mois de mars prochain. Elle est aménagée
au-dessus d'un pavement en damiers, vestige de l'époque romaine".
En Amérique on manque de racines et on s'en cherche, quitte à
acheter ou à avoir acheté à l'étranger des
châteaux ou cloîtres pou les reconstruire dans le Nouveau
Monde. A Aix, on a trop de racines, elles sont souvent encombrantes pour
l'urbanisme galopant de la ville et quelquefois on les ignore, on les
cache, on les ensevelit, on les coupe. Il est toujours d'actualité
de rappeler qu'une corniche, qu'un mascaron qu'on détruit, qu'un
mur de refend qui disparaît, qu'une vieille façade rajeunie
avec un badigeon criard, que des tags sur des pierres de Bibémus,
sont autant d'appauvrissements pour notre patrimoine.
Le soleil n'est pas le seul intervenant dans l'augmentation de notre population.
Il est est d'autres : l'air et l'atmosphère du passé avec
ses mystères, ses interrogations, ses surprises, ses découvertes
inattendues qui suscitent l'intérêt et la curiosité.
Ce ne sont pas des gratte-ciel que l'on vient chercher à Aix.
Notre belle ville perdra son rayonnement (elle en a déjà
perdu une partie) et ses promesses économiques si les Aixois ne
sont pas attentifs à la préservation et à l'entretien
de leur patrimoine. La fibre aixoise, cela existe. Les "anciens Aixois"
l'ont, et il faut souhaiter que les "nouveaux" l'acquièrent,
comme avait si bien su le faire l'architecte Pouillon lorsqu'il a conçu
les Deux Cents Logements.
Evidemment, il est difficile de chiffrer ce qu'une heureuse conservation
apporte à la ville mais on peut tout de même imaginer ; pensons
au point de vue, face à la Montagne Sainte-Victoire, du quartier
de la Marguerite qui a été conservé, aménagé
et sauvé d'une implantation projetée de villas, ce, au prix
de nombreux efforts (dont celui de notre Association). En évaluant
le nombre de visiteurs français et étrangers, dont le Maire
de Philadelphie, qui vint découvrir avec plaisir et émotion
la vue que Cézanne a immortalisée, on peut facilement évaluer
les retombées économiques pour notre ville.
Le passé et le futur sont imbriqués l'un dans l'autre. Trop
souvent, cette interférence est ignorée, méconnue,
les tentacules économiques sont aveugles et nocives pour notre
patrimoine. Il ne faut pas que le passé trépasse sous leurs
envoûtements comme le Cours à carrosses vient de le faire.
Lors de sa création en 1955, notre fondateur a édité
un petit livret intitulé : "Il faut défendre Aix".
Aujourd'hui, quarante-cinq ans après, le but de notre Association
est toujours le même. Puissions-nous être entendus en cette
veillée d'élections municipales.
L. RAYMOND
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