Revue de presse

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Histoire du patrimoine de la ville d'Aix en Provence
par M. Georges Vindry, président de l'Association


Un patrimoine architectural et urbain ne se limite jamais à quelques monuments exceptionnels. Il est toujours constitué par un ensemble varié d'édifices publics ou privés, religieux ou laïcs, d'espaces verts, qui sont autant de témoins d'une longue histoire économique, sociale et politique de la ville. Ce tissu qui traduit l'évolution de la cité est particulièrement remarquable à Aix, ancienne capitale de la Provence. Au nord d'Aix, des fouilles ont mis à jour à Entremont l'agglomération bâtie aux 3ème et 2ème siècles avant J.-C., qui fut la capitale de la confédération celto-ligure des Salyens.

La ville romaine - Aquae Sextiae - a perdu tous ses monuments (les derniers, parmi les plus beaux, ont été sauvagement détruits à la fin du 18ème siècle) et le palais des comtes de Provence a été abattu à la même époque. Mais le moyen âge est présent à Aix avec de superbes édifices religieux, par exemple la cathédrale romane accompagnée de son cloître, la cathédrale gothique, l'église Saint-Jean de Malte. La Renaissance, qui correspond en Provence à une période de violences et de guerres, est peu représentée à Aix; le 17ème siècle, époque d'un grand essor économique et artistique, remodèle la ville. On construit des églises, de majestueux édifices publics comme l'Hôtel de Ville, et quantité d'hôtels particuliers modestes ou somptueux, liés aux familles parlementaires et à l'oligarchie aixoise. La ville, jusque là tributaire d'un réseau compact de ruelles et de placettes médiévales, s'ouvre à l'air et à la lumière avec la naissance, en 1656, du Cours à carrosses (aujourd'hui le célèbre Cours Mirabeau) et la création du fameux "quartier Mazarin". Son plan orthogonal, fondé sur les règles de l'urbanisme italien, a été adapté au mode de vie aixois et rythmé par l'alternance des demeures et des jardins.

Cette progression qui se poursuit tout au long du 18ème siècle a enrichi la ville d'espaces publics ornés de fontaines monumentales et d'une foule de constructions élégantes, édifiées avec la pierre blonde des carrières locales, ornées de beaux décors intérieurs. Cet ensemble contrasté, dense, donne à Aix une physionomie particulière, où le rigoureux clacissisme français s'adoucit, et rappelle ce que l'on disait de la cité au 18ème siècle, qu'elle était la plus belle ville de France après Paris.