Le Cours : des textes et des réflexions

Pour en juger :

- 1651 : « sur l'emplacement des anciens remparts abattus, le Parlement de Provence décide de créer un Cours "à carrosses". La régente Marie de Médicis ayant ramené de Florence "la mode de se promener en carrosses aux heures les plus fraîches de l'après-midi" » (extrait du cahier des fiches programmes présenté au Conseil consultatif d'octobre 1996 par la Municipalité).

- Arrêté du 22 octobre 1942 pris par le Conseiller d'Etat, Secrétaire Général des Beaux Arts

« Article 1er : Est inscrit à l'Inventaire des Sites dont la conservation présente un intérêt général l'ensemble urbain constitué à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) pour le Cours Mirabeau et le débouché des rues adjacentes : rues du Trésor, de la Masse, Nazareth, Clémenceau, Fabrot, Tournefort, Place Forbin, rues Frédéric Mistral, du 4 Septembre, de Cabassol, Laroque.

La mesure vise :
- la chaussée du Cours et des rues y compris les trottoirs,
- les arbres, les fontaines, les statues et les débris de la corniche de l'immeuble sis 25 et 27 Cours Mirabeau (qui ont été déposés dans le jardin Joseph Jourdan, Aix),
- les façades des immeubles bâtis bordant ces voies, sises sur les parcelles cadastrales de la section I, N° s 1393 bis à 1396, 1399, 1400, 1405, 1406, 1408 p, 1409, 1411 à 1414, 1417 à 1426, 1429, 1430, 1432 à 1436, 1439, 1442, 1445, 1448, 1451, 1454, 1457, 1460, 1463, 1466, 1467, 1472, 1475, 1478, 1481, 1484, 1487, 1489, 1492, 1495, 1498, 1501 à 1505, 1511 à 1517, 1670, 2118, 2138, 2139, 2150 à 2153, 2169, 2170, 2179, 2268 p, 2290 appartenant aux propriétaires dont les noms figurent sur la liste annexée au présent arrêté. »

- Arrêté du 17 décembre 1964 du Ministre d'Etat chargé des Affaires Culturelles et du Ministre de la Construction créant : « Sur le territoire de la Ville d'Aix-en-Provence, un secteur sauvegardé en vue de la protection de son caractère historique et esthétique, et de sa restauration immobilière dans les conditions fixées par la loi du 2 août 1962.
Ce secteur est délimité conformément au plan annexé au présent arrêté".»

- Délibération du Conseil Municipal d'Aix-en-Provence du 5 novembre 1998 : désignation de l'équipe de Maîtrise d'oeuvre.

Après la présentation par le rapporteur, adjoint à l'Urbanisme. "Lieu de promenades, de plaisirs, de fêtes et de rencontres, le Cours est un espace majeur de la ville" ;

Après le choix d'une procédure de "marché de définition" (soit disant plus souple pour d'éventuelles modifications) ;

Après une consultation de la Population du 22 juin au 22 juillet 1998 : 8 500 réponses.
60 % pour le projet C (opération discrète).
30 % pour le projet A (une oeuvre ouverte).
10 % pour le projet B (le Cours théâtre des événements de la Ville).

La conclusion du rapporteur : « Compte tenu de l'ensemble des éléments exposés, je vous propose donc de retenir l'équipe représentée par Grumbach et Associés (A) ».

Des mois de concertation et d'échanges entre la Municipalité et deux Comités Consultatifs (l'un élargi, l'autre restreint), qui n'ont abouti à aucune modification importante de celles demandées notamment par l'Académie d'Aix, le CIQ MAzarin et l'Association pour la Protection des Demeures Anciennes et Paysages Aixois.

La décision a été prise de réaliser une double voie centrale de 6 mètres (l'actuelle de 14 mètres) encastrée dans des trottoirs de 24 cm avec une alternance de plans inclinés atteignant une pente de 5,6 % au prétexte que c'est là la seule solution pour empêcher le stationnement anarchique sur les trottoirs (élargis de 3 mètres).

Faire une voir de 6 mètres, est-ce là le respect de l'Histoire, du Cours à carrosses de 1651 ? (cf. arrêté du 17 décembre 1964), et de l'esthétique ?

C'est le fait de sa planéité qui rend le Cours encore plus large et majestueux. L'arrêté du 22 octobre 1942 ne s'y était pas trompé qui inscrivait à l'Inventaire des Sites "la chaussée du Cours et des rues y compris les trottoirs".

Il ne faut pas sous-estimer la valeur de cet arrêté, sous prétexte qu'il ne "classe" pas mais "inscrit" seulement le site, puisqu'il en a été fait mention, et c'est l'un des considérants de l'annulation, dans le jugement du Tribunal Administratif de Marseille du 12 mai 1999 qui a annulé l'arrêté du Préfet des BdR du 4 juin 1994, rendant public le plan de sauvetage et de mise en valeur du secteur sauvegardé d'Aix-en-Provence.

D'autre part pour ce qui est de créer "un lien social", souci de nombreux urbanistes contemporains, avec une coupure de 6 mètres enfoncée dans 24 cm de haut, c'est raté...

L'histoire jugera... ceux qui n'ont pas su la respecter. " Aix ne peut méconnaître l'importance d'un passé qui conditionne bien souvent sa vie d'aujourd'hui" (Professeur Michel Vovelle, Histoire d'Aix-en-Provence).


Lucienne RAYMOND (Protection des Demeures Anciennes et Paysages Aixois),

dans Le Courrier d'Aix du 6 mai 2000.

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